lundi 1 juin 2015

CONFERENCE MONDIALE SUR LE CLIMAT: Le gaz à l'honneur




A quelques mois de la COP21, la conférence mondiale sur le climat, qui se tiendra également à Paris, c'est une formidable opportunité pour mettre le gaz en avant, reconnait le président de l'Association française du gaz (AFG). Un lobbying que le dirigeant - qui assure aussi la présidence tournante de l'Unioninternationale du gaz (UIG) - assume complètement.
Le gaz est l'énergie fossile qui émet le moins de CO2, et c'est la seule énergie fossile dont la part dans le mix énergétique mondial devrait progresser d'ici à 2040, selon les projections de l'Agence internationale de l'énergie, a-t-il souligné. D'après l'AIE, le gaz devrait en effet représenter 24% de la demande mondiale d'énergie primaire en 2040, contre 21% en 2012.

Il égalerait ainsi le charbon, qui reculerait à 24% contre 29%, et talonnerait le pétrole, qui devrait passer de 31% à 26%. Nucléaire et renouvelables devraient aussi progresser, à 7% et 19% respectivement, mais rester minoritaires face aux énergies fossiles. Le gaz, selon ses défenseurs, est en outre un complément idéal des énergies renouvelables (éolien et solaire), dont la production peut fluctuer fortement en fonction du vent et de l'ensoleillement.
Autres atouts: le gaz est stockable, contrairement à l'électricité, et il bénéficie d'un approvisionnement géographique plus diversifié que le pétrole, avec le développement du gaz de schiste et des terminaux de liquéfaction et de regazéification, qui permettent de s'affranchir des réseaux de gazoducs.
Les géants de l'énergie plaident pour une remontée des prix du carbone et une réforme du système européen d'échange de quotas d'émissions, pour rendre le gaz de nouveau compétitif face au charbon. Parmi les 4.000 délégués de plus de 100 pays, dont les majors anglo-saxonnes Chevron, Exxon Mobil, Shell et BP, le qatari Qatargas et le coréen Kogas, les entreprises françaises entendent bien affirmer leur ambition lors du Congrès.  Vendredi, devant les actionnaires de Total, son directeur général a rappelé que le groupe produisait déjà autant de pétrole que de gaz (contre 35% de gaz il y a dix ans), une tendance appelée à continuer.
De son côté, Engie, déjà premier acteur européen dans le transport, la distribution et le stockage du gaz, entend se développer dans l'exploration-production et le gaz naturel liquéfié (GNL), y compris par des acquisitions.
Le boom du gaz de schiste
L’utilisation de la fracturation hydraulique a permis à partir de 2005 un essor spectaculaire (et non prévu) de la production de gaz de schiste, ce gaz emprisonné dans la roche-mère. Cette révolution a permis aux Etats-Unis de devenir en 2010 le premier producteur mondial de gaz naturel. Ils sont passés devant la Russie, avec une production de 690 milliards de m3 en 2013, dont 627 milliards de m3 de gaz de schiste (sur une production mondiale de 3.480 milliards de m3, selon l’AIE).
De quoi bouleverser les grands équilibres mondiaux, même si la durée de ce phénomène fait débat, compte tenu du déclin rapide des puits d’hydrocarbures de schiste. Les Etats-Unis vont devenir exportateur de gaz en 2017, alors qu’ils étaient en train de s’équiper de terminaux d’importation. Principal pays à produire des gaz de schiste aujourd’hui, ils pourraient à moyen terme être rejoints par d’autres pays comme l’Argentine, la Chine ou l’Australie, où les réserves sont également réputées considérables. L’AIE prévoit que les gaz non conventionnels représenteront 31 % de la production de gaz en 2040, contre 17 % aujourd’hui.
Essor du GNL
L’arrivée à maturité des technologies de liquéfaction du gaz (GNL), qui permet de le transporter sans avoir besoin de gazoducs, a provoqué une explosion des volumes échangés par ce biais : de 100 millions de tonnes par an en 2000, le marché du GNL a représenté 244 millions de tonnes en 2014 et passera à 370 millions de tonnes en 2020.
De nombreuses usines sont en cours de construction, notamment en Australie : le pays concurrencera dans quelques années le Qatar, actuel leader mondial du secteur. 
Cette tendance lourde, qui contribuera à fluidifier les marchés du gaz, permettra aussi d’assouvir la soif d’énergie de l’Asie. La Chine, troisième consommateur de gaz en 2013 derrière les Etats-Unis et la Russie, absorbera selon l’AIE un tiers de la demande additionnelle d’ici à 2040.

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